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Qu'est ce que la "Vérité"?


C’est la question éternelle de l’être humain en quête de certitudes, à la recherche d’un point de référence pour édifier son échelle de valeurs et d’une lumière qui le guide dans les ténèbres.

Dans le monde complexe dans lequel nous vivons, où il est si facile de se tromper et d’être trompé, comment découvrir cette réalité que l’on ne peut nier rationnellement, comment repérer ce protecteur, cette plate-forme solide sur laquelle nous appuyer pour construire en toute confiance un projet de vie ?

Pour trouver la vérité – même approximative et provisoire – il faut commencer par la désirer et ensuite la rechercher sincèrement à partir de tous les éléments dont nous disposons. Il est paradoxal de constater que même dans le domaine religieux, lieu privilégié de la rencontre de l’homme avec la vérité suprême, il existe cependant tant de crédos différents et de vérités qui s’affrontent.

La vérité, pierre précieux, est riche en facettes. Toute simple ou compliquée, proche ou inaccessible, pour l’appréhender nous avons besoin de la contempler dans toutes ses perspectives. Une partie de la vérité n’est qu’un mensonge. Les demi-vérités sont souvent dangereuses. Mais elles sont particulièrement redoutables sur le plan spirituel, cette dimension de l’expérience humaine qui touche au plus profond de l’être.

Dans le vieux conte oriental des aveugles et de l’éléphant, il est souligné la tendance, communément répandue, à confondre la vérité avec ce n’en est qu’un facette. Pour le chercheur sincère, la bonne foi ne suffit pas ; elle doit s’appuyer sur une bonne information. En effet, vérité n’est pas synonyme de sincérité : la sincérité est subjective et donc très difficile à évaluer, alors que la vérité est objective et donc susceptible d’être mesurée. Et la sincérité sera toujours préférable à la sincérité dans l’erreur.

Confondre vérité et sincérité, c’est confondre vérité et opinion. Or il en est de l’opinion comme de l’heure de nos montres : il n’en existe pas deux qui coïncident mais chacun se fie à la sienne. Il n’y aurait rien à redire à cela si nous étions prêts à reconnaitre que la nôtre peut ne pas être la meilleure. Mais entre la défense d’une opinion et l’obstination, il n’y a qu’un pas. Ensuite, il est très difficile de faire marche arrière. En réalité nous ne chérissons rien autant que nos propres opinions, et rien ne nous est plus difficile que d’y renoncer.

Le sage Salomon disait déjà que l’on peut attendre plus de l’insensé que de celui qui se croit sage et que seul est sensé celui qui écoute les conseils (Proverbes 26 : 12 ;12 :15).

On ne peut discuter le droit que chacun possède – au nom de l’inaliénable liberté de conscience – de croire ce qu’il veut ou de ne rien croire du tout. Nous avons tous droit à la compréhension et à la tolérance, à rechercher la vérité ou à nous en désintéresser. A chacun son sens de la responsabilité. Mais cela ne signifie pas que tous aient raison, ni que toutes les attitudes soient également sensées. Sur une question précise, il peut exister des opinions très diverses. Mais quoique nous ne soyons pas capables de l’appréhender dans sa totalité, la vérité transcendante est une. Par conséquent, quand notre opinion ne puise ses garanties qu’en nous-mêmes, nous sommes semblables à ces pauvres aveugles de la fable qui s’obstinent à confondre un éléphant avec une corde ou avec un arbre.

Etre réellement sincère, c’est rechercher la vérité à sa source, or tous les moyens à notre portée. Voilà la seule sincérité capable de nous élever de la conviction à la certitude. Quand nous défendons notre propre position au lieu de défendre la vérité, nous nous conduisons comme non sensés.

Notre attitude perd toute sincérité et notre obstination devient un alibi. Les prétextes sont faciles à trouver. L’obstination et le manque de sincérité sont source d’aveuglement. Quant à l’erreur, elle rend esclave. Les erreurs individuelles et historiques – que nous appelons souvent « nos vérités », devenues préjugés, traditions ou dogmes, enchainent les êtres humains à des positions qui aliènent leur liberté ou celles des autres. De fait, il est beaucoup moins facile de défendre la vérité jusqu’au martyre que de la prôner jusqu’à l’intolérance.


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